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10 août 2013 6 10 /08 /août /2013 15:09

Chapitre 2. 04-02-05

 

  Quelques années écoulées. Quelques milliers de kilomètres plus loin et me voilà à Gleizé, les pieds dans la boue pour parler littéralement, enseignante au lycée trévoltien du Val de Saône. Enfin j'étais professeur au lycée de Trévoux puisque me revoilà avec mon "barda" comme dirait ma grand-mère au parler unique , d'Algérie autrefois française, mon "mal être".

Deux mois de cours à peine et je "pète un câble", tout ça parce que ... parce que je me trimballe une psychose maniaco-dépressive qui me colle aux neurones. Et tous les remèdes - qui n'en sont pas - n'y font rien! Lithium : crise quand même; Tégrétol: hépatite toxique; Dépamide: hépatite deux fois; Dépakote crise trévoltienne malgré tout. Lors de la dernière incartade neuronale j'ai réussi à échapper à l'hospitalisation, ma bête noire. "Chapeau Monsieur Bonnet !" C'est mon nouveau psychiatre. (Si si, je le lui ai fait ce jeu de mots à deux balles qu'il a dû entendre maintes fois).

 

  Pourquoi avoir quitté le malaise polynésien? Il était ensoleillé au moins! Par AmouRRR (roulez les "r" ça plus éculé encore!). Pour suivre mon berbère de grand gourou, mon kabyle téléphonique - j'ai le droit de le faire ce jeu-là, il me vient de mon compagnon lui-même. Il faut dire que lui au moins a des nerfs. Pour arriver à me faire quitter Tahiti, il fallait s'accrocher et me décrocher de ma bulle!

 

  Le moment était venu peut-être de rejoindre ma "chère" famille dont je vivais séparée et que je ne voyais qu'à l'occasion de courts séjours, courts mais joyeux, on n'avait pas le temps de s'étriper au moins. Une soeur, c'est tout. Mais une véritable soeur, une amie, unne confidente, bien que plus jeune que moi de quatre ans et demi, une fille extraordinaire qui vit son quotidien comme si de rien n'était et pourtant... pourtant elle en a vu de toutes les couleurs, pas forcément de celles qui composent le prisme de l'arc-en-ciel. Toute petite déjà elleétait spéciale, Gaële, nommée ainsi à la suite d'un rêve de ma mère.

 

 Elle traversait la route quand il fallait s'arrêter bien sagement au côté de Maman et les voitures la cachaient aux yeux d'une mère au bord de l'évanouissement; elle s'accrochait au portail de l'école maternelle et hurlait "Maman" sans discontinuer alors que les autres jouaient dans la cour et que je venais la voir; elle retournait la tortue, Sylvette (que nous avons un jour égarée dans un champ alors que nous pique-niquions), sur le balcon et s'en servait comme d'un rehaussoir pour contempler la vie d'en bas de plus haut ! Et moi de pleurer sur la souffrance de Sylvette, diminutif de Sylvie, prénom de mon unique grand-mère pied noire adorée!

 

  Arrivées à Tahiti, nous vécûmes Gaële et moi un choc heureux, un traumatisme euphorisant. Fini Clichy sous bois, banlieue grisâtre à l'époque (1973) et si peu accueilllante. Finies les descente au bac à sable où m'attendaient parfois Marc et sa bande de loulous de huit ans prêts à "jouer" avec la petite Carine avé l'accent de Provence... Un jour, la bande avait fait ronde autour de moi et s'était avancée concentriquement, menaçante. Evidemment Carine n'avait aucune réponse de prête et s'était mise à pleurer. C'est alors que ... "Zorro est arrivé é é é ! " Presque ça: mon Papa à moi, qui est un grand austère à ses heures, a déboulé par derrière et a saisi au cou un des loubards en herbe pour la lui faire quitter justement et le balancer à quelques centimètres du sol, histoire de lui faire comprendre qu'on ne "jouait" pas ainsi avec sa fille impunément.

 

 Mais revenons à Tahiti et au traumatisme euphorisant. La Nature! Une petite maison aux meubles en skai rouge, PK 19,5 à Paea, côté mer. Autour des bananiers et la plage de sable pas loin. D'autres maisons ou "faré" aussi avec , ô bonheur! la famille Moutardier et ses trois ou quatre garçons, sympathiques, bien plantés, heureux de vivre et obéissant au doigt et à l'oeil à un père âgé mais attentif. Rien à voir avec la bande de Clichy..

 

  Gaële et Carine connurent alors leur libération féminine à elles vers 4 et 8 ans et demi. Les après-midi, après l'école, on s'entraînait à attraper des abeilles par les ailes. Elles virevoltaient aurour des bananes et les fils Moutardier nous initiaient à ce jeu d'adresse. Gaële était douée. Rien ne lui faisiat peur. Un jour elle devin même un garçon : alors que nous nettoyions la terrasse à la peinture rouge écaillée au jet d'eau, elle glissa le tuyau dans son maillot de bain et nous dit toute fière: "Je suis un garçon!". Elle aspergeait le jardin en bombant le torse et encambrant les reins. Une vraie "kaina" ma soeur! Souvent, les après-midi se passaient aussi avec Mareva, une voisine un peu étrange et on allait aux abords d'un grand terrain où vivait "la sorcière". C'était une vieille dame excentrique qui portait des faux ongles en argent, à la japonaise. Elle nous terrifiait bien qu'elle ne nous ait jamais importunées. Un autre jeu consistait à se coucher sur la route de ceinture pour entendre les voitures arriver, comme les indiens sur le sentier de la guerre. En ce temps-là la circulation était rare au niveau de Paea. Mais le jeu suprême, c'était "Pata les billes" et le luxe, c'était d'avoir des billes chinoises, aux couleurs pleines. Les blanches et bleues de préférence. On creusait un trou dans la terre, on devait lancer adroitement les billes pour mettre dans le mille et l'on pouvait éjecter la voisine d'un coup de maître.

 

  C'est à cette époque que la notion très complexe - ou trop simple -  de "FIU" fut intégrée par nos chères petites têtes blondes. Surtout par Gaële. Sorte de mot magique qui dès qu'il a été prononcé implique l'arrêt de l'activité précédente sur un air résolu et avec un zeste de "j'en ai marre" ou de "ça suffit" à la clef. Gaële en fut la plus imprégnée et les ennuis commencèrent avec Maman. A l'école elle s'ennuyait peut-être mais ne disait rien ou ne s'en plaignait pas. Mais à la maison, dès que ma mère voulait la faire travailler - car le travail était sa  sacrosainte valeur jusqu'à en nier l'existence de l'enfance - elle s'entendait répondre: "Tu n'es pas ma maîtressse" et quand on lui demandait si elle ne voulait pas aller aux toilettes, elle répondait en sous-entendant le "fiu" bien sûr : "Je n'ai pas le temps, je JOUE!" Les loisirs contre le travail, le plaisir contre la contrainte, c'était son combat à Gaële,  Elle avait déjà tout compris! Et cela allait être bien difficile de la faire "rentrer dans le rang". Ah oui, j'ai oublié de vous dire que le père était un ancien militaire bien frappé par l'Indochine et l'Algérie, Ces deux guerres honteuses. y-a-til des guerres glorieuses ? On écrit de ces inepties parfois!

 

(à suivre)

 

 

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